Avec seulement 2% des immatriculations en 2019, les véhicules électriques ont fait un bond spectaculaire au premier trimestre de cette année, atteignant déjà 7,1%. Ce chiffre monte même à environ 10% lorsqu’on inclut les hybrides rechargeables. Alors, comment expliquer une telle augmentation de la popularité des véhicules électriques ?
La réponse réside dans la réglementation européenne. En effet, la diversification de l’offre en véhicules électriques est étroitement liée à une réglementation plus contraignante. Les constructeurs ont dû étoffer et diversifier leur gamme pour répondre à la nouvelle législation. L’exigence imposée par l’Union européenne d’émettre au maximum 95 grammes de CO2 par kilomètre pour les véhicules en circulation depuis le 1er janvier 2020 a joué un rôle clé dans cette évolution. Les constructeurs n’ont pas souhaité payer de lourdes amendes en fin d’année, ils ont donc investi dans la production de véhicules électriques.
L’évolution de l’offre a ensuite entraîné une nouvelle demande, ce qui a conduit à une augmentation de la production et à une baisse des coûts. Aujourd’hui, tous les constructeurs automobiles se sont résolus à proposer des véhicules électriques. Bien que ces véhicules restent plus coûteux et moins pratiques que les modèles traditionnels, les consommateurs commencent à les adopter.
En ce qui concerne les choix de véhicules, on observe une polarisation entre les citadines électriques et les routières hybrides rechargeables. Les constructeurs auront probablement du mal à développer des voitures familiales, routières ou SUV entièrement électriques, capables de parcourir de longues distances à un prix compétitif en raison des coûts élevés des batteries. Les solutions hybrides et hybrides rechargeables restent donc nécessaires pour assurer une transition en douceur.
D’ailleurs, il est intéressant de noter que certains experts estiment que l’avenir appartient aux moteurs à hydrogène. Si les coûts peuvent être réduits, ces moteurs pourraient se révéler aussi pratiques que les moteurs à essence ou diesel, notamment pour le ravitaillement en carburant.
En ce qui concerne notre rapport à l’automobile, il semble que la différence entre les zones urbaines et les zones non urbaines et suburbaines va se creuser davantage. Les besoins des personnes vivant en dehors des grandes villes restent assez similaires, que ce soit pour des voitures électriques ou à combustion interne, car leur priorité est d’avoir un véhicule abordable à l’usage. En revanche, dans les grandes villes, où les politiques anti-voitures individuelles sont de plus en plus strictes, l’offre de véhicules se diversifie et se structure autour de la mobilité “en tant que service”.
Enfin, il est difficile d’éviter de mentionner l’impact du COVID-19 sur l’industrie automobile. Cette crise a des conséquences économiques importantes, mais les constructeurs automobiles ont la capacité de s’adapter. Ayant constitué des réserves de cash depuis la crise de 2008, ils disposent de marges de manœuvre financières pour faire face à cette situation. De plus, les États sont disposés à collaborer avec les constructeurs pour trouver des solutions qui répondent à ces enjeux économiques. À plus long terme, cette crise incitera probablement à repenser la dépendance de l’industrie automobile vis-à-vis de ses fournisseurs asiatiques et encouragera la relocalisation de la fabrication des batteries. Les consommateurs devront alors accepter de payer un peu plus cher ou de consommer moins pour soutenir cette transition vers une mobilité plus durable.