En 2035, les voitures neuves à essence seront interdites au Québec et au Canada. Une douzaine d’autres pays dans le monde suivront entre 2025 et 2035. Est-ce la fin du règne du pétrole ? Découvrons ensemble les implications de cette transition.
Le début de la fin des voitures à essence
Le virage vers l’électrification des voitures de passagers doit être négocié dans les 14 prochaines années. Actuellement, seulement 11% des voitures vendues au Québec sont électriques, y compris les hybrides rechargeables qui consomment encore de l’essence. Cependant, cette situation est en train de changer rapidement.
Selon Simon-Pierre Rioux, président de l’Association des véhicules électriques du Québec, d’ici 2030, 100% des voitures neuves vendues au Québec seront électriques, soit cinq ans avant l’échéancier fixé par les gouvernements. Les projections des firmes telles que KPMG et Bloomberg indiquent également que dès 2025, le coût des voitures électriques sera équivalent à celui des voitures à essence, ce qui entraînera une adoption rapide de cette nouvelle technologie.
Les grands constructeurs automobiles, tels que GM et Ford, investissent massivement dans la production de voitures électriques. GM s’est engagé à cesser la production de véhicules polluants en 2035, tandis que Ford prévoit que la moitié de ses ventes mondiales seront entièrement électriques dès 2030. Avec le soutien financier des gouvernements qui diminuera progressivement à partir de 2027, l’installation de bornes de recharge deviendra un enjeu majeur pour faciliter cette transition.
Jusqu’en 2050, au moins
Malgré cette avancée, certains experts ne sont pas aussi optimistes quant à la disparition complète des voitures à essence d’ici 2035. Selon CAA-Québec, la vente de voitures d’occasion continuera d’alimenter le marché pendant plusieurs décennies supplémentaires. La durée de vie moyenne d’une voiture est d’environ 15 à 20 ans, ce qui repousse la disparition totale des voitures à essence jusqu’en 2050.
En tenant compte des véhicules usagés qui continueront de rouler à l’essence, Carol Montreuil, vice-président de l’Association canadienne des carburants, estime que de 75 à 80% de la consommation actuelle de produits pétroliers au Québec sera toujours présente en 2050. Bien que les ventes diminueront, cette transition sera difficile pour l’industrie automobile.
Ce qui va changer dans nos villes
La popularité croissante des véhicules électriques entraînera une véritable révolution et transformera nos habitudes de vie ainsi que notre environnement urbain. Pour avoir un aperçu de ce qui nous attend, nous pouvons nous inspirer de la Norvège où 85% des voitures vendues sont déjà électriques, grâce à des mesures incitatives telles que les voies réservées et les stationnements gratuits. Des idées similaires pourraient être reproduites au Québec.
L’infrastructure électrique doit être repensée pour répondre à cette nouvelle demande. La recharge des véhicules électriques se fera principalement à domicile ou sur le lieu de travail. Des bornes de recharge publiques seront également installées près des services de proximité, tels que les centres commerciaux, les rues commerçantes et les cafés.
La création d’un réseau de recharge public dans les grandes villes est inévitable pour répondre aux besoins des automobilistes qui n’ont pas de place de stationnement réservée. Des bornes rapides, capables de recharger une voiture en 45 minutes, pourraient être installées le long des artères principales.
La transformation du paysage urbain soulèvera des enjeux d’insertion esthétique. Les bornes de recharge et les stations de recharge devront être intégrées harmonieusement dans l’environnement urbain. Certains envisagent un réseau souterrain pour éviter de dénaturer les quartiers centraux, tandis que d’autres préconisent l’aménagement de petites stations de recharge sur rue, enneigées en priorité comme les arrêts de bus.
Hécatombe dans les stations-service ?
Le passage à l’électrique exigera également des changements dans le secteur des stations-service. Les ventes d’essence diminueront progressivement, mais ne disparaîtront pas complètement. Les stations-service devront se réinventer pour s’adapter à cette nouvelle réalité.
Les stations-service dépendant uniquement des ventes d’essence, en particulier en région, risquent de fermer. Cependant, celles qui offrent des services diversifiés, comme la restauration rapide, survivront. Les grands groupes pétroliers, tels que Couche-Tard et Harnois Énergies, sont conscients de cette transition et cherchent des solutions pour diversifier leurs activités. L’ajout de bornes de recharge pour les véhicules électriques et la transformation des dépanneurs en épiceries sont quelques-unes des pistes explorées.
En conclusion, la fin des voitures à essence est en vue, mais la transition ne sera pas sans défis. Les avantages environnementaux et la diminution de la pollution sonore dans nos villes sont des atouts indéniables. Néanmoins, il est essentiel de repenser nos modes de transport, de privilégier les véhicules électriques, mais aussi de promouvoir le transport collectif et le partage de voitures pour créer des quartiers durables et sans émissions.
En collaboration avec André Dubuc, La Presse