Vieillir au volant : une question de choix ?

Vieillir au volant : une question de choix ?

Le Mondial de l’automobile, qui attire toujours plus d’un million de visiteurs, pose une question cruciale : les visiteurs qui passent la journée à poser aux côtés des hôtesses pourront-ils se permettre d’acheter une voiture neuve ? Étonnamment, ce sont les personnes âgées qui conservent les moyens de le faire. En effet, les acheteurs de voitures neuves ont en moyenne 51 ans et demi, et leur nombre ne cesse d’augmenter. Malgré cela, les trentenaires ne sont pas plus nombreux que les quinquagénaires à posséder un permis de conduire. Les jeunes préfèrent se tourner vers le marché de l’occasion pour éviter les prix élevés des constructeurs.

Parallèlement, l’espérance de vie continue d’augmenter, et la durée de vie en bonne santé atteint des niveaux élevés. Les chercheurs travaillant dans le domaine des transports terrestres, dans le cadre du programme de recherche et d’innovation “Predit”, financé par les autorités publiques, affirment que le vieillissement des conducteurs est un enjeu de santé publique.

Les conducteurs âgés sont souvent considérés comme moins dangereux que les autres conducteurs. René Amalberti, professeur de médecine et chercheur au Predit, explique que les statistiques montrent que les personnes de plus de 65 ans sont moins impliquées dans des accidents que les plus jeunes, même en tenant compte du nombre de kilomètres parcourus.

En vieillissant, les conducteurs réduisent naturellement leur vitesse, choisissent des trajets familiers et adoptent une conduite plus paisible. Les réflexes se font certes moins vifs, mais cette détérioration commence dès l’âge de 35 ans et est largement compensée par l’expérience acquise. Lorsqu’un automobiliste se sent gêné, il ralentit, tout comme lorsqu’il fait face à une route de montagne ou à un cycliste. Il convient toutefois de faire attention aux effets des médicaments, dont les personnes âgées sont souvent friandes, et qui peuvent diminuer leur vigilance. De plus, en cas d’accident, les personnes de plus de 65 ans sont plus vulnérables en raison de leur fragilité.

Les chercheurs ne se contentent pas de remettre en question les idées reçues. Ils espèrent également sensibiliser les médecins à la prévention, en particulier lorsque les personnes souffrent de problèmes de santé. Par exemple, les personnes atteintes d’Alzheimer peuvent continuer à conduire tant que leur pathologie reste légère. Cette question a déjà fait l’objet d’un reportage au journal télévisé de TF1 il y a deux ans.

Les principales victimes de la route restent, parmi les personnes âgées, celles qui se déplacent à pied. En vieillissant, on ose moins prendre la voiture, on tolère difficilement les transferts d’un moyen de transport à un autre et on redoute les foules compactes. Les urbanistes ne sont pas toujours conscients de ces problématiques. Par exemple, la création de zones piétonnes bien conçues mais nécessitant un détour de 300 mètres peut décourager les personnes âgées qui préfèrent prendre le chemin le plus court même s’il est en mauvais état. Ces difficultés ne concernent pas uniquement les personnes âgées, mais plutôt l’ensemble de la population.

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En conclusion, vieillir ne signifie pas nécessairement être un danger sur la route. Les conducteurs âgés ont tendance à adopter une conduite plus sûre, même si leurs réflexes sont moins vifs. Toutefois, il est important de prendre en compte les effets des médicaments et la fragilité des personnes âgées en cas d’accident. Les chercheurs espèrent sensibiliser les médecins à la prévention et encourager une meilleure prise en compte des besoins des personnes âgées dans l’aménagement de l’espace public.