La ville intelligente, connue sous le nom de smart city en anglais, est une approche urbaine qui utilise les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour accélérer la transition écologique d’une ville tout en renforçant sa compétitivité internationale. Ce concept englobe à la fois un programme, un processus et les résultats concrets qui en découlent.
L’émergence et la généralisation de l’utilisation des nouvelles technologies par les individus ont permis la collecte d’un grand nombre de données sur l’utilisation de la ville par ses habitants. Le traitement de ces données par les autorités urbaines et les entreprises du secteur privé influence, voire transforme profondément, les politiques urbaines. La notion de ville intelligente est davantage un slogan ou une tendance plutôt qu’un nouveau modèle urbain au sens traditionnel du terme. Comme le soulignent Languillon-Aussel et al. (2016), les “communautés intelligentes” relèvent plutôt de ce que la sociologie pragmatique appelle une grammaire urbaine.
Les villes intelligentes sont hyper-connectées et recherchent des solutions à leurs problèmes en exploitant les informations disponibles. Cela peut passer par l’exploitation de volumes massifs de données (big data), notamment les données anonymisées issues des utilisateurs eux-mêmes, telles que la validation électronique des titres de transport ou la collecte de données de circulation piétonne à partir du traçage des téléphones portables. Cependant, lorsque la ville intelligente néglige l’impératif de transition énergétique et devient un prétexte pour transférer des compétences relevant des services publics au secteur privé (par exemple, lorsque les start-ups gèrent les mobilités douces), elle ne devient alors qu’une variante de la ville néolibérale.
Le concept de quartier intelligent, ou smart community en anglais, repose sur la gestion des données, notamment la consommation d’énergie (voir réseaux intelligents), à l’échelle d’un quartier. Cela permet une régulation de la consommation grâce à des interfaces domestiques. Tous les bâtiments et systèmes de mobilité, tels que les stations de partage de voitures, sont interconnectés et reliés à un système central. Cette approche est notamment mise en œuvre au Japon grâce à des partenariats entre les collectivités locales et les grandes entreprises énergétiques ou immobilières (Leprêtre, 2017).
La notion de ville intelligente a été largement discutée et fait l’objet de recherches approfondies. Les références suivantes fournissent des informations complémentaires sur le sujet :
- Raphaël Languillon-Aussel, Nicolas Leprêtre et Benoit Granier, « La stratégie de la “smart city” au Japon : expérimentations nationales et circulations globales », EchoGéo, n°36, 2016.
- Nicolas Leprêtre, « Les villes “intelligentes” au Japon », Géoconfluences, 2017.
Pour un complément d’information :
- Matthieu Adam, « Confluence, vitrine et arrière-boutique de la métropolisation lyonnaise », Géoconfluences, novembre 2020.
- La ville apprenante, Géoconfluences, brève de 2017.
Pour aller plus loin :
- Hind Khedira, « Smart city, une mise au pas des villes par l’innovation technologique », in Matthieu Adam et Émeline Comby, Le capital dans la cité. Une encyclopédie critique de la ville, Paris, Éditions Amsterdam, 2020, p. 337-349.
- Dossier « Comprendre, orchestrer et vivre la ville intelligente », sur le site de la métropole du Grand Lyon, 2016.