Pau : Le Club des Grands Enfants Amoureux des Voitures Anciennes

Pau : Le Club des Grands Enfants Amoureux des Voitures Anciennes

Les voitures anciennes ont ce pouvoir mystérieux de cultiver à la fois le secret et le partage. Les membres du club “Âge d’or véhicules anciens” en sont bien conscients. Ces passionnés béarnais sont tellement attachés à leurs trésors qu’ils se montrent prudemment méfiants, même s’ils rêvent de confier leurs inépuisables histoires.

“Nous sommes tous pareils”, sourit Jean Mazel, cadre du club, “nous sommes des fous, des gamins de 65 ans. Parfois, nous franchissons les limites…” Le quintuple garage incroyable de ce retraité du bassin de Lacq suffit à comprendre le langage caché des Béarnais.

“Certes, cela coûte de l’argent, mais après l’achat et les premières réparations, nous ne sommes plus perdants. La valeur des voitures anciennes augmente chaque année. Bon, il faut que cela soit accepté à la maison, mais ma femme aime bien se balader aussi !”

Collectionneur par Passion

La cote Argus des voitures anciennes permet de surmonter les petits tracas liés aux réparations, mais Jean Mazel n’est pas du genre à compter son argent. “Il y a deux types de collectionneurs”, dit-il en dévoilant sa dernière acquisition, une irréprochable 205 CTI de 1988, la plus jeune du garage. “Il y a ceux qui ont de l’argent et qui achètent pour revendre à profit, et il y a ceux qui restaurent par passion, sans compter les heures.”

Lui et ses amis font partie de la deuxième catégorie, cela va sans dire. “J’ai commencé à rénover des voitures à 16 ans avec une Aronde P60. J’en ai 66 aujourd’hui.” Les passionnés de mécanique apprécieront son récit plein d’embûches et de termes techniques. Les novices, quant à eux, préféreront les anecdotes attachantes de ces jouets incroyables.

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Comme celle de cette Peugeot 402 B de 1939 avec sa calandre tricolore. “Cette voiture a participé à la libération de Paris. Depuis, elle participe à toutes les commémorations du 8 mai et aux rassemblements d’anciens combattants. Son ancienne propriétaire l’a achetée en 1954, lorsqu’elle a obtenu son diplôme d’école normale.” L’histoire personnelle et l’histoire collective, un mélange parfait pour les passionnés.

À côté de ce bijou, se trouve une Chenard et Walcker de 1938. “Je l’aime beaucoup, c’est une marque disparue.” Une Traction 11 B de 1953, lancée sous le mandat de Vincent Auriol, achetée en 1982, au début des années Mitterrand. Et une DS 21 Pallas couleur sable qui raconte elle aussi une longue histoire. “Je l’ai achetée à la famille de Jean Graal, un ami du club qui nous avait tous beaucoup aidés à bricoler les voitures. Le jour de ses funérailles, nous sommes venus avec une vingtaine de voitures qu’il avait restaurées. Sa famille ne voulait pas vendre cette DS à quelqu’un d’autre.”

Les 50 ans du Club

L’association “Âge d’or véhicules anciens” devait célébrer ses cinquante ans en 2020, mais la pandémie a éteint les bougies de la fête. “Nous espérons pouvoir fêter l’anniversaire du club cette année”, glisse le dirigeant à l’accent du terroir. Il est important de continuer à se raconter encore et encore les débuts de “l’Âge d’or” et son petit groupe de passionnés mené par Roger Niorthe, professeur de mécanique à Jurançon. Pendant longtemps, ce professeur a rassemblé les connaisseurs, les mécaniciens, les garagistes et les carrossiers, avant d’élargir le cercle des amoureux de l’automobile.

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“Roger Niorthe était mon professeur”, témoigne André Minvielle en regardant le buggy qu’il vient de fabriquer avec son frère. “Sa philosophie était de préserver le patrimoine en respectant les véhicules. Nous aimons les voitures, mais nous aimons aussi toute leur histoire, c’est cela notre club.”

Comme ses camarades, ce retraité de l’usine de Lacq collectionne les vieilles mécaniques qu’il aligne dans une grange ancienne. On y trouve une Austin Mini, volant à droite, importée d’Angleterre et mise en vente sur leboncoin. Une Matra 530 jaune de 1973 avec ses phares escamotables et son allure typiquement années 70. “Elle peut atteindre 160-170 km/h, mais à cette vitesse, c’est comme conduire un karting !”

Soeur Clotilde dans la Vallée d’Aspe

On s’arrête devant une 2 CV dont l’histoire rappelle un film culte mettant en scène des gendarmes. “Je l’ai achetée à Lescun. Elle appartenait à des religieuses”, raconte André Minvielle. “Quand elles sont décédées, des prêtres l’ont récupérée et l’ont vendue. Nous l’avons achetée, repeinte, elle roule très bien.”

Cette expression s’applique à toutes les voitures ici présentes. Même ces Citroën presque centenaires qui se partagent le fond de la grange : une C6 de 1929 avec ses sièges arrière rétractables, une Traction 11 de 1938 et une B14 cabriolet de 1928. “Celle-là, cela m’a pris 5 ans de travail et un an d’efforts pour la remettre en état.”

André Minvielle avait vu l’un de ces rares modèles (il resterait cinq B14 cabriolet en France) dans le champ de son patron alors qu’il avait 15 ans. “Je me suis toujours dit que lorsque je serais en mesure d’en avoir une, je le ferais. Un collectionneur recherche toujours les voitures qu’il admirait quand il était jeune, c’est comme ça.” Vivement 2071 pour votre Dacia !

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