En pleine période de séparation avec le père de ses deux enfants, Marianne* avait l’habitude de dormir chez sa nouvelle compagne, résidant dans le quartier du stade Galliéni, à Riorges. C’est justement sur le parking de cette résidence, le 16 décembre 2020, qu’elle a vécu la – sans doute – plus effroyable soirée de sa vie.
J’étais au téléphone avec une amie sur le parking quand un homme est monté dans ma voiture”, entame la jeune femme de 29 ans. Dans un sursaut, le smartphone est tombé entre ses cuisses, mais l’appel s’est poursuivi durant plusieurs minutes.
À l’autre bout du fil, l’interlocutrice a entendu des bribes de conversation, des sons étranges venant d’un inconnu, mais surtout les mots glaçants de son amie : “Elle a hurlé ‘oh mon Dieu, oh mon Dieu, ne me faites pas de mal’. Elle était terrorisée. Je n’oublierai jamais la crainte dans sa voix”, témoigne-t-elle à la barre, ce mercredi 14 juin.
Le viol commis dans un parking souterrain
L’agresseur de Marianne s’est rendu compte que le téléphone était allumé, mais pas qu’elle était en communication. La mère de famille a alors mis fin à l’appel discrètement. Mais son calvaire, lui, n’a fait que commencer.
Après un périple de plusieurs minutes en voiture dans les rues de Riorges et un retrait de 200 euros réclamé par l’individu au distributeur de La Poste de Riorges, il l’a guidée – ou plutôt forcée – jusqu’à s’engouffrer dans le parking souterrain d’une résidence située rue du Château d’eau, toujours à Riorges. “Là-bas, il m’a dit de m’arrêter, qu’il avait besoin d’affection. Il m’a caressé la joue et m’a demandé de lui faire ‘juste une pipe’ (sic). Je lui ai répondu que je ne voulais pas”, se souvient Marianne. Une réponse qui n’a pas satisfait son agresseur.
Il a alors glissé sa main dans le jogging de la jeune maman et lui a caressé les parties génitales. Il l’a contrainte à sortir de la voiture, l’a placée face au capot, s’est positionné dans son dos et lui a baissé son pantalon. “Il m’a pénétrée avec ses doigts. Il a frotté son sexe sur le mien et a tenté de me pénétrer, mais n’y est pas arrivé”, relate Marianne, tremblotante, aux juges et jurés de la Cour. “J’ai dû cracher dans sa main pour qu’il humidifie son sexe. Et il m’a pénétrée.
“Qu’est-ce que j’ai fait de mal pour mériter ça ?”
L’homme s’est retiré, s’est masturbé, semble-t-il quelques secondes, et a éjaculé sur le sol du parking. Puis il a essuyé le sexe de la jeune femme et l’a embrassée sur la fesse. “Il m’a demandé si j’avais aimé’. Et quand je lui ai dit qu’il m’avait violée, il m’a répondu que ce n’était pas un viol parce qu’il ne m’avait pas fait mal.” Après la fuite de l’individu, cagoulé et ganté, Marianne s’est réfugiée chez une amie.
Deux ans et demi après ces faits, “chaque geste d’affection, certains bruits ou images”, la ramènent à son agression. Dans l’intimité, c’est le néant. Son propre corps la dégoûte aussi. Mais le pire reste les questions qui tournent en boucle dans sa tête : “qu’est-ce que j’ai fait de mal pour mériter ça ?”, “pourquoi moi et pas une autre ?” Des interrogations auxquelles elle n’a pas eu plus de réponses après l’interrogatoire de son violeur présumé, Jeson Locko, ce mercredi.
De la contestation totale à la reconnaissance : le changement de versions de l’accusé
“Je suis ému. Je n’ai pas les mots. Je suis conscient que ce sont des faits extrêmement graves. Les excuses ne suffiront pas, mais pardon quand même”, lance-t-il tout de même depuis le box des accusés. Des aveux de culpabilité que la victime attendait depuis bien trop longtemps.
Car depuis le début de l’enquête, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 20 ans, n’a eu de cesse de contester l’agression sexuelle et le viol. Ses déclarations ont quelque peu évolué puisqu’il a aussi invoqué “un coup monté”, “un complot” dont il aurait été victime, tentant d’expliquer les traces de sperme retrouvées par un rapport homosexuel qu’il aurait eu dans ce même parking.
Plusieurs mois plus tard, il a admis une relation sexuelle avec la victime, toutefois consentie selon lui. Devant la Cour, Jeson Locko a finalement reconnu l’avoir violée. Enfin.
Pauline Michaud
Prénom d’emprunt