Une décision inédite pour une banque de renommée nationale
La Banque Postale se positionne en pionnière en introduisant désormais gratuitement le virement instantané comme la méthode de transfert d’argent par défaut pour ses clients : particuliers, professionnels et entreprises. Cette décision audacieuse de remplacer le traditionnel virement SEPA traduit un changement de stratégie, puisque jusqu’à présent, la banque faisait payer ce service, tout comme la plupart de ses homologues sur le marché. Le virement instantané permettant de transférer de l’argent d’un compte à un autre en moins de 10 secondes, comparé à 24 à 72 heures pour l’ancienne méthode, est ainsi offert gratuitement aux utilisateurs de La Banque Postale.
Changement de cap motivé par l’engouement des clients
Nous avons eu l’occasion de discuter avec Laurence Félix-Makatcheff, directrice adjointe des paiements à La Banque Postale, pour comprendre les raisons de ce virage stratégique.
Une conviction profonde en faveur du virement instantané
Laurence Félix-Makatcheff : « Nous croyons fermement au potentiel du virement instantané depuis le début. En 2019, nous avons envisagé de le proposer par défaut à nos clients. Cependant, à l’instar d’autres banques françaises, nous avons opté pour une approche facultative et payante, dans le but de tester notre infrastructure dédiée au traitement en temps réel. »
L’avenir est au virement instantané
Laurence Félix-Makatcheff : « Notre nouvel objectif est de promouvoir le virement instantané en tant que mode de paiement incontournable. La Banque centrale européenne (BCE) encourage d’ailleurs les banques à développer son utilisation. Par conséquent, nous ne poserons plus la question à nos clients et leur proposerons automatiquement le virement instantané dès que cela sera possible. De plus, nous avons estimé qu’il était nécessaire de rendre cette option gratuite. »
La Banque Postale à la pointe de l’innovation
Laurence Félix-Makatcheff : « Pour l’instant, le virement classique ne disparaîtra pas de notre catalogue. Nous maintiendrons un plafond (1 000 euros pour les particuliers et 7 700 euros pour les professionnels et les entreprises, NDLR) pour les virements effectués en ligne ou via notre application mobile. Au-delà de ce seuil, les virements se feront de manière classique, notamment pour lutter contre la fraude. Toutefois, ce plafond devrait augmenter rapidement, probablement d’ici la fin de l’année. Les virements effectués en bureau de poste seront également disponibles en temps réel dès le début de l’année 2023. Notre promesse est claire : plus de 90% des virements seront traités en temps réel, sans que le client ait à choisir. »
Les défis de l’intégration du virement instantané
Laurence Félix-Makatcheff : « Proposer ce nouveau moyen de paiement a nécessité un investissement considérable de la part de chaque banque, de la création d’une infrastructure complète à la mise en place d’une gestion de compte adaptée. En effet, le virement instantané implique une disponibilité immédiate des fonds. Nous sommes encore loin d’avoir rentabilisé ces investissements lourds, notamment en maintenant deux infrastructures de traitement parallèles : l’une pour le virement classique et l’autre pour l’instantané. À terme, l’idéal serait de ne proposer que le virement instantané. »
Un changement culturel nécessaire pour la place bancaire française
La France, axée traditionnellement vers les cartes bancaires et le paiement électronique, diffère des Pays-Bas, de la Belgique et de l’Espagne quant à l’adoption immédiate du virement instantané. Laurence Félix-Makatcheff souligne l’importance de ce mode de paiement, qui se rapproche le plus des paiements en espèces, car le bénéficiaire reçoit instantanément l’argent. Il s’agit donc d’une véritable innovation, voire d’une révolution, permettant des parcours de paiement plus novateurs.
Une sécurité renforcée pour les utilisateurs
Laurence Félix-Makatcheff : « La lutte contre la fraude a été une priorité majeure avant le lancement du virement instantané. Actuellement, le virement instantané fait moins l’objet de fraudes que la carte bancaire et le chèque, mais nous restons vigilants à ce sujet. Nous avons donc mis en place des mécanismes de lutte contre la fraude extrêmement performants capables de surveiller les transactions en temps réel, quitte à entraîner des vérifications supplémentaires pour les clients. Cependant, ce risque ne doit pas être un frein à l’innovation, et nous devons continuer à trouver des solutions. »