La tarification des bornes de recharge publiques connaît des fluctuations importantes à Paris. Le réseau Belib’, en particulier, a annoncé une forte revalorisation dès le 2 janvier. En plus d’un changement de mode de calcul, avec une prise en compte de la quantité d’énergie consommée en plus du temps de charge, cette révision rend la hausse difficilement compréhensible à première vue. Cependant, les utilisateurs commencent à en ressentir les effets, certains constatant déjà une augmentation considérable de leur facture.
En simplifiant, recharger 40 kilowatts (kW), ce qui permet en moyenne de parcourir environ 250 kilomètres (km), coûtera entre 13 et 40 euros, selon que l’on est abonné à Belib’ ou non, et que l’on utilise une borne lente ou rapide. Dans le scénario le moins avantageux, le prix pour parcourir 100 km avec une voiture électrique s’avère légèrement supérieur à celui d’un véhicule thermique de taille moyenne.
Géré par TotalEnergies, le réseau Belib’, qui détient presque le monopole à Paris, compte environ 2 300 points de charge. De son côté, le réseau Ouest Charge, qui couvre une partie de la Bretagne et des Pays de la Loire, va plus que doubler le prix du kWh (passant de 0,22 à 0,49 euro) à partir du 20 janvier.
Un univers tarifaire opaque et instable
Certains opérateurs ont pris le contrepied en baissant leurs prix, comme Allego, qui propose désormais des tarifs compris entre 0,60 euro et 0,69 euro le kWh, après avoir explosé ses tarifs à l’automne 2022 (jusqu’à 0,98 euro le kWh). De nombreux acteurs ajustent en permanence leurs tarifs, tels que les Superchargeurs de Tesla, ouverts au public (actuellement 0,60 euro pour les propriétaires d’un modèle de la marque, 0,70 euro pour les autres, à condition de souscrire un abonnement mensuel de 12,99 euros).
D’autres estiment ne pas avoir besoin de modifier leurs tarifs, comme le réseau Ionity (fondé par Volkswagen, Mercedes, BMW, Ford et les marques sud-coréennes), présent sur les autoroutes. Les prix de son concurrent néerlandais, Fastned, restent également stables, alors qu’ils fluctuent fortement en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique.
La décision de nombreux distributeurs d’introduire une tarification variable selon les heures creuses et les heures pleines contribue à complexifier davantage le paysage tarifaire des stations de recharge, un univers à la fois opaque et instable.
Un effet dissuasif pour la voiture électrique
Cette situation préoccupe les défenseurs de la voiture électrique qui s’interrogent sur l’effet dissuasif de l’augmentation annoncée du coût de la recharge publique, d’autant plus que les prix du pétrole sont plutôt à la baisse. “Une augmentation significative du coût du kilowattheure aurait peu d’impact sur le marché de la recharge, qui n’est pas très sensible aux variations de prix, mais cela pourrait avoir des conséquences négatives sur l’intention d’achat de véhicules”, avertit Pierre Courgeon, directeur de Fastned France.
“Cependant, l’électricité reste l’énergie la moins chère pour une voiture, malgré l’augmentation de son prix”, estime Lucie Mattera, secrétaire générale de ChargeUp, une organisation regroupant les infrastructures de recharge en Europe. Le système de tarifs en France, bien que réduisant l’attrait des réseaux publics, permet d’amortir les effets de l’inflation du kilowatt. Selon la grille actuellement appliquée aux particuliers, on peut estimer que le transfert de 40 kW vers son véhicule depuis son domicile équivaut, selon la plage horaire et le type d’abonnement, à une dépense comprise entre 4 et 8 euros.
Enfin, pour les propriétaires de voitures électriques, il reste la possibilité de se brancher sur une borne de recharge gratuite. Parmi les 78 000 bornes publiques installées en France, 6 233 sont gratuites, la plupart étant mises en place par des collectivités locales. Il n’est pas certain que leur nombre augmente dans les mois à venir.