Voitures électriques en France : Les territoires privilégiés des conducteurs verts

Voitures électriques en France : Les territoires privilégiés des conducteurs verts

Les voitures électriques sont de plus en plus présentes sur nos routes et dans nos parkings. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs fait de leur production l’un des axes majeurs de son projet de réindustrialisation présenté le jeudi 11 mai dernier. Mais qui sont les conducteurs français qui optent pour ces véhicules plus écologiques et économiques en fonction de leurs besoins ?

En 2022, les particuliers français ont acheté un total de 288 420 voitures électriques et hybrides rechargeables, qu’elles soient neuves ou d’occasion, selon les données fournies par le ministère de la Transition écologique* à Franceinfo. Ce chiffre reste toutefois modeste par rapport aux plus de 5,2 millions de voitures thermiques vendues sur le marché la même année.

Les “e-conducteurs” sont peu nombreux et se concentrent dans certains types de territoires bien spécifiques. Franceinfo dresse un panorama de la France des propriétaires de voitures électriques à travers des cartes et des infographies.

Dans les communes pavillonnaires, autour des métropoles

Les véhicules électriques rencontrent beaucoup de succès dans les métropoles, en particulier dans les communes pavillonnaires aisées situées autour de ces grandes villes. Ce phénomène est bien visible sur la carte ci-dessous, qui croise la population des communautés d’agglomération avec le taux d’immatriculations de voitures électriques et hybrides rechargeables.

Les Yvelines sont un exemple emblématique de ce phénomène. Ce département de la grande couronne parisienne fait partie de ceux qui achètent le plus de voitures électriques. Les ventes de véhicules rechargeables ont représenté 7,3% des ventes totales en 2022, pour le marché du neuf et de l’occasion. Un score équivalent à celui des Hauts-de-Seine, mais inférieur à celui de Paris (9,6%).

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En revanche, les voitures électriques sont beaucoup moins appréciées dans les zones rurales. Par exemple, dans l’Orne, les ventes de voitures électriques ne représentaient en moyenne que 3,2% des immatriculations en 2022. Ce pourcentage est encore plus faible en Creuse, où la part des véhicules rechargeables n’a été que de 2,9%.

Ce constat n’étonne pas Bernard Jullien, chercheur et spécialiste de l’industrie automobile à l’université de Bordeaux. Selon lui, “les voitures électriques sont souvent achetées comme une deuxième voiture par des propriétaires de pavillons qui parcourent plusieurs dizaines de kilomètres chaque jour pour se rendre dans les grandes villes.” Pour ce qui est des habitants des zones rurales, le chercheur explique leur faible équipement en voitures électriques par la contrainte budgétaire. Il déplore le fait que “nous aurions besoin que le monde rural soit le premier à électrifier son parc automobile, mais ses habitants seront les derniers à le faire en raison des difficultés financières.”

Est-ce que la rareté des bornes de recharge publiques pourrait expliquer le manque d’équipement des zones rurales ? Pas vraiment, selon le chercheur. En effet, les habitants des zones rurales ont souvent la possibilité de recharger leur véhicule à domicile.

Dans les territoires les plus riches de l’Hexagone

En réalité, les territoires qui comptent le plus grand nombre d’acheteurs de voitures électriques sont également les plus riches. La carte ci-dessous montre une répartition territoriale quasi identique entre les niveaux de vie et les achats de voitures rechargeables.

La France des voitures électriques s’étend ainsi le long du littoral atlantique et dans le sud-est méditerranéen. Ces zones sont très prisées par les citadins qui choisissent de s’installer près de la mer une fois à la retraite. Dans l’Est, les départements frontaliers se distinguent également. Le Doubs, le Territoire-de-Belfort, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle sont habités par de nombreux travailleurs frontaliers qui vivent en France mais travaillent en Suisse, en Allemagne ou au Luxembourg. Ces “navetteurs” bénéficient de rémunérations élevées et dépendent beaucoup de la voiture pour leurs déplacements.

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D’après l’économiste Bernard Jullien, la corrélation entre niveau de vie et équipement en voitures électriques n’est pas une simple coïncidence. “Il y a réellement un lien de cause à effet. L’électrification accentue des tendances qui étaient déjà présentes. Les ménages plus âgés et plus riches ont accès aux voitures neuves et propres. Même les classes moyennes sont désormais exclues”, analyse le chercheur.

Malgré les aides, les voitures électriques restent coûteuses. La plupart des modèles valent plus de 30 000 euros, voire 20 000 euros pour les moins chers. Ces prix élevés s’expliquent en grande partie par le coût des batteries, qui peuvent représenter jusqu’à 30% du coût total d’une voiture électrique, selon une enquête du magazine Le Pèlerin. La production de modèles plus légers et donc moins chers pourrait être une solution. Cependant, selon Aurélien Bigo, chercheur spécialiste de la transition énergétique des transports, cette stratégie va à l’encontre des intérêts des constructeurs automobiles. “L’industrie automobile augmente ses marges en produisant des voitures haut de gamme, plus lourdes, avec des batteries plus grandes”, rappelle-t-il.

En attendant, il est évident que la généralisation des voitures électriques ne se fera pas à n’importe quel prix. “L’accès au marché de l’électrique pose un réel problème financier”, insiste Bernard Jullien.

*Les chiffres de cet article ont été calculés à partir de la base des nouvelles immatriculations enregistrées en 2022 dans le répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) géré par le service des données et études statistiques (Sdes) du ministère de la Transition écologique. Les voitures immatriculées au nom de personnes morales (entreprises, sociétés privées) ont été exclues dans le cadre des véhicules neufs, afin de ne conserver que les immatriculations faites au nom des particuliers. Cependant, aucune exclusion n’a été appliquée pour les véhicules d’occasion, qui sont quasiment tous achetés par des particuliers (près de 95% selon le Sdes).

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