Après une année 2023 couronnée de succès pour les voitures électriques en France, 2024 s’annonce plus incertaine. Malgré de nombreux nouveaux modèles attendus et quelques améliorations pour faciliter la vie des propriétaires de voitures électriques, des changements gouvernementaux pourraient entraver la croissance du nombre de véhicules électriques dans les rues françaises. Faisons le point sur les évolutions qui auront un impact sur les voitures électriques en France en 2024.
2023 a été une année faste pour les voitures électriques en France. Un bonus facile à obtenir, des lancements réussis et une infrastructure de recharge en constante amélioration ont porté leurs fruits : jamais il n’y a eu autant de ventes de voitures électriques sur notre territoire que cette année-là.
Mais 2024 suscite des inquiétudes et des incertitudes. Malgré l’arrivée de nouveaux modèles très attendus et quelques aménagements pour faciliter la vie des conducteurs de véhicules électriques, tout n’est pas rose.
Un bonus qui exclut de nombreux modèles…
Le suspense autour des conditions d’attribution du bonus 2024 a duré un certain temps. Tout a été clarifié le 14 décembre, à la veille de sa mise à jour : c’est officiel, chaque voiture électrique doit atteindre un score environnemental minimum pour bénéficier de cette aide gouvernementale.
Ce score environnemental mesure l’impact écologique de la fabrication de la voiture, en prenant en compte la provenance des matériaux, la taille et l’origine de la batterie, le mix énergétique de l’usine d’assemblage, ainsi que la distance et les conditions de transport depuis l’usine jusqu’en France, et bien plus encore. Le bonus n’est accordé que si le score dépasse 60 points sur 80.
La liste des voitures électriques éligibles a été publiée et, sans grande surprise, tous les modèles produits en Chine sont exclus du dispositif. C’était l’objectif avoué du gouvernement : favoriser la production européenne, et de préférence française.
… et dont le montant devrait diminuer
Les mesures autour de l’attribution du bonus ne s’arrêtent pas là. Alors que des rumeurs laissaient entendre que son montant augmenterait en 2024, passant de 5 000 euros à 8 000 euros, il semblerait que cela ne soit pas le cas.
Au contraire, le montant du bonus serait finalement réduit à 4 000 euros, et l’aide dédiée aux voitures d’occasion disparaît totalement ! Certes, le bonus maximal réservé aux ménages les moins aisés restera à 7 000 euros, mais cela soulève des questions.
Avec moins de modèles éligibles au bonus et une réduction de son montant pour la majorité des Français, quel impact cela aura-t-il sur les ventes ?
Le leasing social, une solution temporaire ?
C’était une promesse gouvernementale de longue date : proposer une voiture électrique neuve en location pour 100 euros par mois. Appelé à l’origine “leasing social”, il est maintenant connu sous le nom de “leasing électrique” depuis le 14 décembre 2023, avec l’officialisation des conditions d’éligibilité.
Les bénéficiaires devront justifier d’un revenu fiscal de référence par part inférieur à 15 400 euros, d’une distance domicile-travail supérieure à 15 km et d’un kilométrage professionnel de plus de 8 000 kilomètres par an.
Les deux dernières conditions devraient disparaître courant 2024. Cette offre prend la forme d’une location avec option d’achat (LOA) de 3 ans et 12 000 km par an, sans apport initial.
Les constructeurs ont répondu à l’appel, avec des offres parfois bien inférieures à 100 euros par mois : la palme revient à Renault, qui propose sa Twingo électrique à 40 euros par mois, tandis que Citroën proposera sa ë-C3 à 54 euros par mois.
Cependant, seuls 20 000 dossiers seront traités en 2024. Avec ce nombre limité et les conditions très spécifiques d’éligibilité, ce leasing social sera-t-il réellement utile pour le pays ?
Une borne de recharge à domicile moins chère
Pour ceux qui ont les moyens, l’installation d’une borne de recharge à domicile est essentielle pour utiliser une voiture électrique au quotidien.
Un crédit d’impôt, qui couvrait jusqu’à présent 75 % du prix de la borne et de son installation dans la limite de 300 euros, sera maintenant augmenté à 500 euros selon le projet de loi de finances 2024 ! Les conditions d’attribution restent les mêmes : cette aide est accessible à tous, propriétaires, locataires ou occupants à titre gratuit, pour les résidences principales ou secondaires.
L’assurance et l’électricité deviennent plus chères
La hausse du coût de la vie ne fait pas de cadeau, même aux propriétaires de voitures électriques. Deux domaines où ils économisaient par rapport aux véhicules thermiques vont augmenter, même si les augmentations ne seront pas aussi importantes que prévu.
Le coût des assurances va augmenter en 2024. Jusqu’à présent, les voitures électriques étaient exonérées de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA), qui finance notamment les services départementaux de secours. L’État a décidé d’y mettre partiellement fin.
Désormais, cette taxe sera absente des cotisations la première année, mais représentera 50% de la cotisation la deuxième année, et 100% au-delà. Même si cela représente une petite amélioration, les tarifs devraient augmenter de 3,5 à 4 % en 2024 pour tous.
Le coût de l’électricité devrait également augmenter. Si les premières rumeurs prévoyaient une augmentation de 10 à 20 %, le gouvernement a assuré que la hausse ne dépasserait pas 10 %.
Cette nouvelle hausse, qui fait suite à deux hausses en 2023, marque la fin du bouclier tarifaire. Recharger une voiture électrique à domicile restera moins cher qu’un plein d’essence, mais les dépenses augmenteront. Les coûts de recharge dans les bornes publiques risquent également d’augmenter.
Évolutions dans les ZFE
Les zones à faibles émissions, également connues sous le nom de ZFE, ont fait beaucoup parler d’elles lors de leur mise en place. Ces zones, qui sont installées dans les grandes villes jugées trop polluées, interdisent la circulation des véhicules non conformes aux normes environnementales (avec les fameuses vignettes Crit’Air).
Certaines ZFE continuent de réduire la circulation en interdisant les vignettes Crit’Air 4 (qui regroupent les diesels produits de 2001 à 2005) à partir du 1er janvier 2024. Il s’agit des villes de Grenoble, Lyon, Montpellier, Nice et Strasbourg.
Cette règle est déjà en vigueur à Marseille depuis le 1er septembre 2023, et la ville envisage d’interdire les vignettes Crit’Air 3 (comprenant les diesels produits de 2006 à 2010 et les essences de 1997 à 2001) à partir du 1er septembre 2024, bien que cela ne soit pas certain.
D’autres villes font marche arrière. Toulouse, Reims et Paris ont repoussé l’interdiction des vignettes Crit’Air 3 à 2025 pour Paris et à 2029 pour Reims. Quant à Toulouse, aucune date n’a été communiquée.
Il est aussi important de rappeler que 2024 sera la dernière année de “liberté” pour de nombreux Français, car les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants devront avoir mis en place une ZFE d’ici 2025.
Le permis dès 17 ans et moins de retraits de points pour petits excès de vitesse
Deux mesures qui ne concernent pas seulement les voitures électriques, mais qui font partie du package. Le gouvernement a assoupli les règles pour deux aspects du permis de conduire : à partir du 1er janvier 2024, il sera possible de passer le permis dès l’âge de 17 ans, et le retrait d’un point pour les petits excès de vitesse inférieurs à 5 km/h sera annulé. L’amende, qui varie de 68 à 135 euros, devra bien sûr toujours être payée.
Ces mesures risquent de réduire le nombre de petits quadricycles sans permis, tels que la Citroën Ami ou la Fiat Topolino.
De nombreux nouveaux modèles attendus
Pour contrebalancer ces mauvaises nouvelles, 2024 verra l’arrivée de nombreux nouveaux modèles, certains très attendus. Nous avons déjà mentionné la Citroën ë-C3 qui sera disponible au printemps, mais il faudra également compter sur la Renault 5 E-Tech, qui sera dévoilée fin février pour une sortie sur le marché à l’automne.
Les modèles haut de gamme ne seront pas en reste, avec le lancement des Peugeot E-3008 et Renault Scénic E-Tech au printemps, ainsi que l’arrivée probable d’une nouvelle version de la Tesla Model Y au cours de l’année.
Peut-être que des acteurs chinois feront enfin leur entrée sur le marché français ? On pense notamment à Polestar ou à Zeekr, qui commercialisent déjà leurs gammes dans plusieurs pays d’Europe, mais qui ignorent la France pour le moment. En tout cas, nous aimerions bien les voir.
Vous l’aurez compris : 2024 sera une année pleine de surprises et d’incertitudes. Une chose est sûre, vous pourrez compter sur nous pour vous tenir informés tout au long de l’année !