Envie de boire et envie de ne pas boire

Envie de boire et envie de ne pas boire

Les pensées anticipatoires et l’envie de boire vont de pair avec les pensées permissives qui autorisent la consommation d’alcool. Mais qu’est-ce que l’envie exactement ?

L’envie est une émotion qui crée une tension interne désagréable. Naturellement, nous cherchons à réduire cette tension désagréable. En d’autres termes, l’envie nous pousse à faire quelque chose. Donc, si nous avons envie de boire, nous serons motivés à consommer de l’alcool d’une part pour les avantages que nous associons à cette boisson, mais aussi pour réduire cette tension de l’envie. C’est un peu comme pour les fumeurs qui fument pour calmer l’envie de fumer provoquée par le fait de fumer. C’est un cercle vicieux !

Qu’est-ce que l’envie de boire et d’où vient-elle ?

L’envie de boire est donc la motivation à consommer, une émotion qui nous pousse à prendre de l’alcool. En buvant, nous réduisons cette envie. Est-ce que vous buvez pour diminuer votre envie de boire ? L’intensité de l’envie de boire une boisson alcoolisée n’est pas innée, elle est apprise. De plus, cette envie n’est pas constante, elle fluctue. Elle est modulée par nos croyances anticipatoires, soulageantes et permissives. Le plaisir que nous éprouvons en buvant de l’alcool dans un contexte spécifique et de manière répétée s’inscrit dans notre mémoire et influence notre perception de la situation.

Le simple fait de se retrouver dans une situation où nous avons l’habitude de boire constitue un rappel automatique des expériences plaisantes passées et déclenche l’envie. Même la simple perspective de la situation peut suffire à déclencher cette envie. Par exemple, retrouver un ami avec qui nous avons l’habitude de prendre l’apéritif peut faire naître l’envie de consommer. Cette rencontre devient un signal qui annonce une consommation.

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Le “craving”, terme anglais désignant une envie paroxystique et obsessionnelle de consommer de l’alcool, est un désir très intense accompagné d’une tension extrême que rien ne semble pouvoir calmer, sauf la consommation. La dépendance psychologique peut exister sans dépendance physique. Dans ce cas, l’arrêt de la consommation n’entraîne pas de syndrome de sevrage. Les personnes dépendantes psychologiquement peuvent rester plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sans consommer une seule goutte sans difficulté. Cependant, une fois que la consommation commence, il est souvent difficile de l’arrêter. La dépendance physique est rarement seule, elle s’accompagne généralement d’une dépendance psychologique. Il est parfois difficile de faire la distinction entre les deux dépendances, car elles concernent différents systèmes biologiques.

J’ai envie de réduire ma consommation

C’est peut-être la conclusion que vous avez tirée après avoir examiné votre consommation. Avec les informations que vous avez recueillies, vous pouvez maintenant évaluer si votre consommation est problématique ou non. Vous avez peut-être conclu que votre consommation est en dessous du seuil qui pourrait représenter un risque pour vous. Ou bien vous commencez à vous rendre compte que votre consommation vous apporte de plus en plus d’inconvénients. Peut-être que vous ne jugez pas encore nécessaire de modifier votre consommation.

Pourquoi ne pas aller un peu plus loin ? Que votre consommation actuelle pose problème ou non, essayons de la réduire. Pour qu’un changement de comportement soit possible, plusieurs conditions sont nécessaires. La première de ces conditions est la motivation. Il faut être personnellement motivé à changer. Comment se motive-t-on ?

Il est important de prendre du recul par rapport au moment présent et de se demander quelles sont les perspectives futures de notre consommation. Il est temps de tester notre maîtrise de notre consommation. Sommes-nous capables de ne pas boire là où nous avons l’habitude de le faire ? De résister à la tentation de boire quand les autres le font ? De refuser un verre ? Pourquoi cela est-il difficile ? Est-ce que l’envie de boire est forte ? Quelles pensées nous viennent à l’esprit lorsque nous avons envie de boire ?

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Malgré l’envie de ne pas boire, je bois !

Vous avez déjà identifié les attentes positives et les croyances anticipatoires qui en découlent. Vous connaissez ces prétendus “effets positifs”. Faites un pas de plus en questionnant les pensées permissives. Ce sont elles qui rendent difficile la décision de réduire sa consommation d’alcool. En effet, ces pensées sont très dangereuses ! Même si vous avez pris la décision de réduire ou d’arrêter votre consommation, les pensées permissives peuvent constituer un obstacle. En effet, au fur et à mesure que nous consommons de l’alcool et accumulons des expériences d’alcoolisation, nous nous créons de plus en plus d’excuses. Ce sont ces excuses qui facilitent la consommation. Par exemple, nous pouvons développer des croyances qui finissent par justifier la prise d’alcool.

Qu’advient-il lorsque ces pensées influencent notre comportement ?

Prenons l’exemple de Martin, qui a décidé en début d’année de limiter sa consommation à deux verres, car “s’il dépasse les deux verres, il risque de perdre le contrôle”. Ce soir, il est invité chez des amis et a décidé de ne boire que deux verres. Normalement, il aurait l’habitude de consommer au moins 6 à 8 verres. Il craint tout de même de ne pas pouvoir résister. Il est 22 heures et il vient de boire son deuxième verre de vin. La bouteille est sur la table et son hôte lui propose un troisième verre. Il a très envie d’accepter. Il sent la tension monter en lui. Pourtant, il s’est promis de ne pas dépasser les deux verres. Boire un autre verre soulagerait immédiatement cette tension interne, cette envie. Malgré son envie de ne pas boire, Martin est submergé par des pensées et des émotions qui facilitent la consommation. “J’aime ce vin, il est bon, ça me détend après une semaine de travail” sont des pensées positives et soulageantes. Même s’il avait pris la décision de réduire la quantité d’alcool, le contexte induit une augmentation de l’envie de boire et le risque d’une consommation excessive.

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Les pensées et les émotions sont souvent automatiques

Les mécanismes psychologiques centraux dans les comportements addictifs sont automatiques et se produisent en dehors de notre introspection individuelle. L’automatisation ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’activité cognitive. Les pensées, tout comme les émotions, sont souvent automatiques, fugaces et rapides. Il faut faire un effort d’introspection pour les repérer et les observer.

Par rapport à sa décision initiale, si Martin boit un troisième verre, il dépasse la limite qu’il s’était fixée. Il entre dans la zone de non-contrôle. Comment fait-il pour continuer à boire sans se sentir en conflit avec lui-même ? En engageant une négociation interne. Ce sont les pensées permissives qui lui permettront de ne pas suivre sa décision initiale. Ce sont des arguments qui justifient la consommation.

Il est donc important de remettre en question les effets positifs de l’alcool : sont-ils réels et encore présents ? Il est également crucial de repérer les pensées permissives en retardant la consommation, en la limitant ou en arrêtant de boire dans une situation habituelle. Quelles sont les pensées qui facilitent votre consommation ? Quelles pensées vous poussent à boire lorsque vous hésitez ? Prenez une petite feuille et notez-les, essayez d’en repérer au moins trois. Les pensées doivent être gérées en situation d’urgence, lorsque vous ressentez cette envie monter. Il s’agit de contrer ces pensées par d’autres pensées plus rationnelles. Cela est possible si, à froid, en dehors des moments d’envie, vous prenez le temps de préparer le travail. Le fait de prendre conscience des pensées qui s’enchaînent et finissent par justifier la consommation d’alcool vous aidera. Pour chaque pensée facilitante, construisez un contre-argument, une pensée qui freine la consommation.

Sur votre feuille, vous avez désormais une aide précieuse pour les moments difficiles. Mettez-la dans votre poche ou dans votre portefeuille. La prochaine fois que vous vous retrouvez dans une situation “dangereuse” où vous hésitez, sortez-la et lisez les arguments contre, ceux qui vous freinent. Entraînez-vous à vérifier vos pensées. Les attentes positives, soulageantes et permissives surviennent automatiquement et peuvent vous dire des choses qui sont peut-être fausses.